dimanche 29 juin 2008

1747 : le Conseil d'Etat supprime le péage seigneurial de La Palisse

L'image archaïque que nous nous faisons généralement de la monarchie française au dernier siècle de l'Ancien Régime est un héritage des hommes de la Révolution qui ont tout fait pour en noircir la mémoire. Cependant, peu à peu, la recheche historique permet de redécouvrir une monarchie bourbonienne qui a cherché, par tous les moyens, à moderniser le royaume. Ainsi, au cours du XVIIIe siècle, de nombreux droits de péage furent rachetés afin de faciliter les échanges et baisser le coût des transports. A La Palisse, il exista jusqu'en 1747, deux péages situés au niveau du pont : l'un seigneurial, l'autre royal. Le bureau royal des Traites foraines (droits levés sur les produits provenant du Forez, province jouissant d'un régime fiscal avantageux) ne fut quant à lui supprimé qu'en 1789.

S. HUG

HUGSTEPHANE@aol.com

dimanche 22 juin 2008

Comment la Vierge sauva le bailli de La Palisse



Les différentes formes que revêtait la dévotion de nos ancêtres font de l'histoire des mentalités religieuses un champ d'étude passionnant où la ferveur cotoie le merveilleux. Cet ex-voto conservé dans l'église d'Urbise (village du Roannais situé à trente kilomètres à l'est de Lapalisse) constitue un magnifique exemple de la piété mariale au XVIIIe siècle. Commandé par Edme La Poix de Fréminville (voir article du 28 février 2008), bailli du marquisat de La Palisse de 1733 à 1765, ce tableau, dédié à la Vierge et à Saint Dominique, rappelle, en arrière-plan; les conditions de l'accident qui faillit coûter la vie à notre bailli.


S. HUG


mercredi 11 juin 2008

L'âge d'or de la Route bleue à Lapalisse (1930-1970)


Le "dernier embouteillage de Lapalisse" - octobre 2006

Les 10, 11 et 12 octobre prochains, se déroulera le second embouteillage de Lapalisse. Durant ces trois journées, le passé de la Nationale 7 sera célébré à l'envi autour de l'image mythifiée de l'ancienne Route bleue. Mais au-delà de cette projection fédératrice et ludique, il est nécessaire de porter un regard historique sur l'impact réel de la Nationale 7 sur l'économie et la société lapalissoises durant les années 1930-1970.



Le pont de Lapalisse, un jour de grande migration estivale (Thierry Dubois)



Quand l'économie de la route colonisait la rue Nationale





L'apparition de pompes à essence le long de la rue Nationale (future avenue Roosevelt) marqua, à partir de la fin des années 1920, l'entrée de Lapalisse dans l'âge de l'automobile. Ces totems de la modernité trônaient à l'époque devant le Casino (photo 1), les Economats (photo 2), l'Hôtel de l'Ecu (photo 3) et l'Hôtel du Midi (gérant, François Renaud)

La première véritable station-service lapalissoise (les Ets Lapalisse-Essence créés par la famille Lallias) n'ouvrit ses portes qu'en 1947.



La construction de la sation-service Lallias en 1947



Dans les années 1930-1950, les activités liées à la vente, à l'entretien et à la réparation des véhicules automobiles se développèrent fortement dans notre ville. Plusieurs garages virent le jour : le garage Moderne (Lucien Jalicot - rue Nationale), le garage de France (Raymond Chabanne - rue Nationale), le garage Auroux et Dujon (Place de l'Industrie), le garage Combaret (rue du 4 novembre), le garage de la sous-préfecture (Simon Court) et le garage Tuloup (tous les deux juste en face de la Mairie).



Le garage Combaret, rue du 4 novembre dans les années 1930

Le garage Jalicot dans les années 1930 (en face de l'actuel Musée l'Art brut)



Une hôtellerie renommée



Le trafic de la Nationale 7 faisait vivre une importante structure hôtelière dominée par sept établissements : l'Hôtel de l'Ecu, l'Hôtel de France, l'Hôtel du Lion d'or (Hôtel du Lion des Flandres), l'Hôtel Galland, l'hôtel du Bourbonnais, l'hôtel de la Renaissance et, enfin, l'Hôtel du Midi.



L'Hôtel de l'Ecu dans les années 1930


L'Hôtel de l'Ecu dans les années 1960



La cour intérieure de l'Hôtel de l'Ecu dans les années 1960


Le Lion des Flandres au début des années 1970


L'Hôtel de France dans les années 1960

Le poids social de la route : le temps de l'attirance


Si la dangerosité de la Nationale 7 combinée aux nuisances sonores et à la pollution finirent, au cours des années 1970-1980, par créer dans la population lapalissoise un puissant sentiment de rejet par rapport à cet axe routier, il fut un temps où les choses en allaient autrement.

Il y a une cinquantaine d'années, la route constituait encore pour beaucoup de riverains un véritable spectacle, mieux, un trait d'union avec l'ailleurs. Certains anciens se souviennent encore que les soirs d'été, chaque famille qui possédait un balcon surplombant la Nationale 7 sur l'avenue Roosevelt profitait de la fraîcheur tout en devisant sur les belles cylindrées de passage ou les grappes de touristes entrant et sortant des restaurants et des hôtels. Il suffisait d'une étape de la Route du Soleil, du Tour du Bourbonnais, du Paris-Nice ou du passage des équipages rejoignant à plein gaz le départ du rallye de Monte-Carlo pour que la route devient en ce temps-là un espace festif.



La dénomination "Route bleue" fut portée sur les fonts baptismaux en 1933 par plusieurs municipalités désireuses de développer les atouts touristiques de leur ville et de leur région. De nombreuses plaques émaillées jalonnaient l'itinéraire de Paris à Menton. Il ne subsiste à Lapalisse plus qu'une seule de ces plaques, scellée sur l'ancien magasin de confection Bracchi, à l'angle de la rue Winston Churchill et de l'avenue Roosevelt.


Cependant, l'augmentation du trafic routier dans les années 1950 conduisit la municipalité de Gilbert Barthelot à prendre des mesures visant à gérer la dangerosité de la circulation à l'intérieur du tissu urbain : en 1953, la vitesse maximale dans la traversée de Lapalisse fut limitée à 40 kilomètres à l'heure et les premiers feux tricolores furent installés en 1955.


L'altérité ancrée dans le sol lapalissois : l'ouverture d'un terrain de camping tout contre les tribunes du stade de football en 1955


Passé le pont de Lapalisse , la route commençait à se faire plus montueuse, l'air plus doux : le Sud s'ouvrait aux automobilistes

Au début des années 1970, alors que le trafic devenait de plus en plus dense, les accidents plus fréquents et de plus en plus meurtriers, le thème de la sauvegarde de la chapelle du château de La Palice (présentant d'inquiétantes lézardes provoquées par les fibrations liées au passage, en contrebas de la butte castrale, de poids-lourds de plus en plus nombreux) commença à poindre : l'âge d'or de la Route bleue à Lapalisse touchait à sa fin.


Tous mes remerciements pour son aide documentaire à Thierry Dubois, dessinateur et co-organisateur des Embouteillages de Lapalisse.



S. HUG



HUGSTEPHANE@aol.com

samedi 7 juin 2008

Création et destin des Vérités de Lapalisse et des lapalissades

Nous avons vu, au mois d'avril dernier, comment Bernard de La Monnoye plaça, fort malicieusement, une coquille à l'intérieur de la chanson de Jacques II de Chabannes, Maréchal de La Palice, dans le but de créer une version burlesque de celle-ci. Le thème des "Vérités de La Palisse" était né. Longtemps véhiculées par les chansons enfantines, les "Vérités de La Palisse" firent leur entrée dans le monde littéraire en 1878 lorsque Edmond de Goncourt porta sur les fonts baptismaux le terme voisin de Lapalissades (première mention dans sa préface à un ouvrage d'Emile Bergerat consacré à Théophile Gautier).

Mais l'intrusion des Vérités de La Palisse (ou Lapalisse) et des lapalissades dans le langage courant date seulement du début du XXe siècle. Le 2 novembre 1904, à Paris, au Théâtre des Variétés, fut donné pour la première fois un opéra-bouffe intitulé Monsieur de La Palisse (livret de Robert de Flers et d’Armand de Caillavet, musique de Claude Terrasse) qui contribua pour beaucoup à ce phénomène. Entièrement transposé dans un monde picaresque, Monsieur de La Palisse apparut alors sous les traits d'un aristocrate aussi affable que maladroit et toujours en quête d’amours impossibles.


Le spectacle fut par la suite monté à Berlin en 1906, à Lausanne en 1911, puis de nouveau en France à Toulouse entre 1919 et 1922, à Paris en 1924 et enfin aux Théâtre des Célestins de Lyon en 1927. Radiodiffusé pour la première fois sur Radio Monte Carlo en 1949, Monsieur de La Palisse finit par avoir les honneurs de la Première chaîne de télévision en 1967.


Lors de sa création en 1904, Monsieur de La Palisse était campé par

le comédien Brasseur, père de Pierre Brasseur, grand-père de Claude, arrière-grand-père d'Alexandre.

Albert Brasseur (de son vrai nom Albert-Jules Dumont) est né à Paris en 1869. Son père, Jules, fut comédien au Théâtre Palais-Royal avant de fonder le Théâtre des Nouveautés. Après des études au lycée Condorcet, Albert Brasseur fit partie de la troupe du Palais-Royal, puis de celle des Nouveautés (1879-1890) et intégra enfinla troupe du Théâtre des Variétés. Il mourut à Paris en 1932.

(Document et renseignements biographiques fournis gracieusement par P. Desmarais)


Les Vérités de Lapalisse et les Lapalissades, désignant tout aussi bien des axiomes populaires de bon aloi que de joyeux pléonasmes forgés dans les corps de garde, restèrent d’un emploi fréquent jusqu’au cœur des années 1980. A l’âge d’or de la Radio et de la Télévision (1960-1980), dès que ces mots fusaient au détour d’une question du Jeu des Mille Francs, de La Tête et les Jambes, des Jeux de 20 heures ou bien encore de L’Académie des Neuf, bon nombre de Lapalissois s’enorgueillissaient de façon discrète, ou plus expressive, de la renommée de leur petite patrie. De nos jours, l’usage dans les médias des termes de Vérités de Lapalisse et de Lapalissades est devenu plutôt rare et revêt même une dimension surannée dont le sens échappe de plus en plus à nos contemporains. Arrivées en bout de course, les Lapalissades furent même récemment recyclées par une poignée d’éditorialistes politiques qui inventèrent, lors du passage aux affaires de Jean-Pierre Raffarin (2002-2005), le terme de Raffarinades, qui résumaient à leurs yeux, non sans une forte pointe d’ironie, son verbe enraciné dans la « France d’en bas ».



S. HUG