vendredi 27 mars 2009

Les six outils du maroquinier

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Pendant près de soixante ans (des années 1930 aux années 1990), la maroquinerie fit les beaux jours de la ville de Lapalisse. Si à partir des années 1970, la toile synthétique concurrença de plus en plus le cuir et bouleversa le rapport liant l'ouvrier à la matière, l'outillage de base demeura en revanche quasiment le même.


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De gauche à droite : le tranchoir, le poinçon, l'halène, le formoir (permettant de tracer des lignes décoratives dans l'épaisseur du cuir), le lissoir (permettant d'égaliser les défauts mineurs du cuir et de l'assouplir) et l'abat-quart (permettant de travailler les arrêtes des pièces de cuir).

Outillage de Madame Hélène HUG, employée aux Etalissements Barthelot dans les années 1950 et à la société Vinycuir dans les années 1960.

S. HUG

HUGSTEPHANE@aol.com

samedi 14 mars 2009

Résumé en ligne de la conférence - Le Temps des Notables - 6 mars 2009 - donnée à la Médiathèque du Pays de Lapalisse

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Un grand remerciement tout d'abord à l'association de la Médiathèque du Pays de Lapalisse pour la qualité de son organisation et de sa communication. Merci au public d'être venu aussi nombreux et, enfin, un remerciement spécial à M. Jacques de Chabannes, maire de Lapalisse et Conseiller général du canton, M. Georges Dajoux, Président de la Communauté de Communes du Pays de Lapalisse, M. Dider Hangard, vice-président de la même communauté de communes et Mme Maria Lesme, adjointe au maire de Lapalisse et vice-présidente de la com com, pour leur présence à cette soirée.
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Voici l'un des clichés photographiques les plus anciens de notre ville. Nous sommes en 1889-1890, sur le perron de l'Hôtel de Ville. Au centre du cliché, en haut des marches, se dresse Louis Morel, industriel, maire de Lapalisse de 1878 à 1890, à sa droite, son premier adjoint, Claude Berthelot, assureur. En haut, sur le balcon, à gauche du drapeau tricolore, nous trouvons, le second adjoint de l'époque : Eugène Montagnier, négociant en vins. Ce cliché constitue la porte d'entrée idéale à notre sujet du jour : Le temps des notables lapalissois, de la Révolution aux années 1930. Il illustre à merveille à la fois la variété et la puissance de ce groupe social, son attachement à la République, mais aussi sa volonté de rénover le tissu urbain de Lapalisse en le modernisant (réverbères, habillage néo-classique de la façade de la mairie, présence à gauche de Louis Morel, de Paul Raby, architecte de la ville).


Comment définir les notables lapalissois au XIXe siècle et au début du XXe siècle ?


Il s'agit de la bourgeoisie locale (40 à 60 familles sur un total de 400 à 600 familles) réunissant entre ses mains à la fois une indéniable aisance matérielle (reposant souvent sur la possession foncière et les rentes immobilières) et une influence locale se traduisant généralement par le noyautage des institutions communales (Conseil municipal, Fabrique paroissiale, Comices agricoles, bureau de bienfaisance, administration de l'hospice, puis, au début du siècle dernier, des principales associations de l'époque). Cette bourgeoisie locale entretint par ailleurs, jusque dans les années 1950, tout un personnel de maison, résidant souvent à demeure.
Trois familles de notables permettent de mieux saisir les contours de cette bourgeoisie lapalissoise qui fut finalement détrônée, dans les années 1950-1960, par le développement et le triomphe des "classes moyennes" :

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Les Devaux (vers 1910), des artisans installés sur l'avenue de la Gare, spécialisés dans le commerce et la réparation des véhicules hippomobiles : ils incarnent la force de l'artisanat au service des campagnes environnantes.
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Les Chervin, un couple d'instituteurs, leurs 4 000 francs de revenus annuels à la veille de la Grande Guerre leur permettaient de prendre place au sein de la notabilité locale. M. Chervin fut conseiller municipal et adjoint au maire de 1919 à 1935.
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Les Roussel, négociants en vins et spiritueux. Durant un siècle, entre 1860 et 1960, ils incarnèrent le sommet de la notabilité locale : une clientèle importante, une zone d'approvisionnement s'étendant à toute la France, des responsabilités locales (conseillers municipaux et dirigeants-bienfaiteurs de plusieurs associations lapalissoises).

Le groupe social des notables lapalissois rassemblait donc des artisans, des boutiquiers, des négociants, des propriétaires et des manieurs d'argent, des fonctionnaires et des officiers publics (sous-préfet, receveur des contributions indirectes, juge de paix, lieutenant de gendarmerie, inspecteur de l'enseignement primaire, notaires, huissiers, receveur des postes, instituteurs et institutrices), quelques professions libérales (médecins, vétérinaires, pharmaciens), mais aussi le curé-doyen flanqué de son vicaire et l'éternelle famille de Chabannes qui continuait à peser sur la vie locale. Historiquement, cette bourgeoisie prit un ascendant déterminant sur la société lapalissoise au cours de la période révolutionnaire en achetant, pour les uns, des Biens nationaux et en personnifiant, pour d'autres, l'Etat centralisateur.
Cette bourgeoisie locale profita pleinement de l'entrée de La Palisse dans la modernité et l'âge industriel entre 1850 et 1880 :
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L'arrivée du chemin de fer permit de doper l'économie lapalissoise en achevant de la connecter aux marchés parisien et lyonnais.
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Le volume des foires et des marchés de notre ville ne cessa alors d'augmenter, accroissant de la sorte les revenus de la fiscalité indirecte locale ce qui permit de souscrire des emprunts destinés au financement des programmes de rénovation urbaine.

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L'introduction de la machine à vapeur dans notre ville fut l'oeuvre de Louis Morel, entrepreneur en tissages, place de l'Industrie, au début des années 1860.

Travailler sur le tissu urbain de Lapalisse


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Cette vue de la rue des Juifs (actuelle rue du Commerce) illustre à merveille le visage de La Palisse au milieu du XIXe siècle : une ville possédant de puissants caractères ruraux, au plan d'ensemble décousu, éventrée par deux fois (milieu du XVIIIe siècle et milieu du XIXe siècle)pour faire place nette au tracé de la route de Paris à Lyon, présentant une opposition marquée entre la ville haute, bourgeoise, et la ville basse, plus populaire.

Entre 1880 et 1940, les différentes administrations municipales n'eurent de cesse de rénover le tissu urbain afin de propulser notre ville dans la modernité.

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Paul Raby (1852-1930), architecte de la ville de Lapalisse entre 1878 et 1914, cheville ouvrière de la première rénovation urbaine de la Cité des Vérités

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Quelques réalisations de cette période :



L'église Saint-Jean-Baptiste construite entre 1880 et 1894.



La halle métallique édifiée en deux tranches entre 1884 et 1895


Le quai de la Besbre inauguré en 1888



L'alignement de la rue du Commerce (ancienne rue des Juifs) réalisée autour de 1900


Enfin, la construction d'un hôpital digne de ce nom entre 1920 et 1922 sur le site de Bellevue.

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Un jardin public, achevé en 1937 et inauguré en 1939.

Malgré tous ces travaux, Lapalisse continuait, durant l'entre-deux-guerres, à véhiculer une image négative : celle d'une ville mal dégrossie, sentant encore la campagne. Un long combat pour promouvoir les charmes de la Cité des Vérités s'engagea alors, il reste d'actualité...

S. HUG


HUGSTEPHANE@aol.com

dimanche 1 mars 2009

Foucault et Gendre

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Des trois anciennes maroquineries lapalissoises (Barthelot-Vynicuir-Foucault), l'entreprise Foucault fut sans aucun doute la plus discrète.
Louis Foucault (Luthenay-Uxeloup - Nièvre- 1894 - Lapalisse 1963), était à l'origine bourrelier au Donjon. Il commença à travailler pour l'armée dès 1935. En 1939, l'Etat-Major de la région Centre lui conseilla de s'établir à Lapalisse où se situait une gare de marchandises qui lui permettrait de développer son affaire. L'atelier de la rue Baudin ouvrit ainsi le... 1er septembre 1939, le jour même de la déclaration de guerre à l'Allemagne nazie. Avec l'armistice de juin 1940, les activités de l'entreprise furent mises en sommeil. Tout redémarra à la Libération. En 1947, Louis Foucault fonda une SARL spécialisée, à l'époque, dans les fournitures des troupes aéroportées combattant en Indochine. L'entreprise employait alors une quarantaine de salariés à laquelle venait s'ajouter une main-d'oeuvre à domicile presque exclusivement féminine.
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Les fournitures militaires furent le segment d'origine de la société Foucault
(en haut, un couvre-culasse, en bas, des porte-chargeurs)
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Dans les années 1950, l'entreprise Foucault fit évoluer ses productions vers les marchés des administrations nationales (SNCF, RATP, Police, Gendarmerie, PTT...).
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En haut, une sacoche de contrôleur de la RATP des années 80, en bas, une sacoche financière des PTT des années 70.
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En 1963, à la disparition de Louis Foucault, son gendre, M. Bécaud, reprit les rênes de l'entreprise qu'il dirigea jusqu'en 1980. Cette année-là, Francis Martin, expert-comptable, devint le nouveau PDG de la société. En septembre 1990, l'entreprise (forte de quarante employés) quitta son site historique de la rue Baudin pour s'implanter sur la commune de Saint-Prix dans des locaux flambants neufs de 1250 mètres carrés. De plus en plus concurrencée, Foucault et Gendre, fut rachetée en 1994 pour la tannerie roannaise Fortier-Beaulieu. Les ateliers fermèrent définitivement en 1995.


S. HUG

HUGSTEPHANE@aol.com