mercredi 10 juin 2009

Après les élections européennes, retour sur les grandes évolutions du vote lapalissois durant la dernière décennie

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Cette analyse repose sur les résultats des différents scrutins régionaux, législatifs, présidentiels et européens des deux bureaux de vote lapalissois entre 1997 et 2009. Il s'agit donc ici d'esquisser une approche de la sociologie politique de la ville de Lapalisse au regard des dernières grandes consultations électorales, en prenant garde de mettre de côté les scrutins municipaux et cantonaux qui possèdent une charge émotionnelle capable, à l'occasion, de fausser le profil général.


Quatre constatations se dégagent :



  1. Le caractère de "ville de l'entre-deux", ni de droite, ni de gauche, que j'avais mis en avant dans un article intitulé Le Petit catéchisme lapalissois (voir archives de PALICIA, mois de décembre 2008) peut se vérifier à l'échelle des trois dernières élections législatives (1997, 2002 et 2007). Au premier tour, à trois reprises, le candidat de la droite, Claude Malhuret, maire de Vichy, arriva en tête avec de 36 %, 45 % et 46 %. Aux élections de 2002, Malhuret devançait même le candidat de la Gauche, le PRG Gérard Charasse de 11 points. Mais au second tour, le report des voix de gauche plaça finalement en tête à deux reprises (1997 et 2007) Gérard Charasse. Existerait-il à Lapalisse un socle de droite ? Sans aucun doute puisqu'aux présidentielles, le choix des Lapalissois placent traditionnellement en tête, au premier et au second tour, le candidat de Droite. Cependant, l'absence historique d'une section locale RPR, UDF, puis de nos jours UMP ne permet pas d'élargir la base électorale de la droite électorale. De plus, depuis la disparition de Bernard Le Provost en juillet 2007, la droite lapalissoise n'a plus de leader. Est-ce à dire que la Gauche lapalissoise posséderait le ressort nécessaire pour mobiliser ses électeurs et réaliser de bons reports de voix lors de chaque législative ? Les chiffres sembleraient l'indiquer. Cependant, cette mécanique ne semble pas être le fruit de l'action des sections locales. Si le PS ne possède plus de section à Lapalisse depuis 1994, après un long temps de latence, il y a quatre ou cinq ans, le PRG se décida enfin à occuper la place. Pour l'heure, l'action des radicaux dans la Cité des Vérités est encore dans une phase de maturation. La solution serait-elle alors à chercher du côté du Parti Communiste ?

  2. Aux législatives de 1997, le PC totalisait encore près de 16 % des voix dans les deux bureaux de vote lapalissois. Aux Présidentielles de 2002, le score des Communistes s'effondrait à 5.5 %, puis à 2.7 % en 2007. Le vieillissement de l'électorat rouge explique en grande partie la spectaculaire érosion de ce score. Plusieurs grandes figures du communisme lapalissois, notamment des anciens résistants, nous ont quitté durant la dernière décennie. Néanmoins, une nouvelle tendance semble se dessiner. Le vote communiste apparaît de plus en plus comme une solution protestaire dans le paysage politique lapalissois. Ainsi, aux législatives de 2007, un mois après la présidentielle, la candidate communiste, Mme Semet, recueillait 5 % des voix soit le double du score local de Marie-Georges Buffet. Aux Européennes du début mois, le Front de Gauche réalisait 9.2 % (contre 8.1 % dans l'Eurorégion Massif Central - Centre et 6.7 % au niveau national). Le vote communiste semble désormais discrètement renaître, regroupant pêle-mêle des communistes orthodoxes ou non, mais aussi des déçus de la Gauche traditionnelle qui ont tendance à bouder la Gauche anti-capitaliste (LCR puis NPA) qui ne réalisa à Lapalisse, il y a quelques jours, que 3.9 % aux Européennes contre 5.4 % au niveau départemental.

  3. Autre enseignement, l'écologie politique ne passionne pas à Lapalisse (de 1 à 2 % aux présidentielles et législatives). A l'occasion des Européennes, les Verts réalisèrent leur meilleur résultat avec 8.1 % des voix, soit moitié moins que le score national et cinq points de moins que dans l'Eurorégion. Les ours blancs lessivés de Borloo n'ont donc pas encore réussi à descendre la Besbre sur leur fragment de banquise. Revendiquons encore un temps le droit de résister contre une nouvelle forme de pensée unique, effrayante de globalisation et qui, comble de ridicule, peine à parler aux vrais ruraux..

  4. Enfin, le Front National réalisa toujours à Lapalisse (sauf au premier de la Présidentielle de 2007 : 12.1 %) des scores inférieurs à ceux de la circonscription de Vichy, du département et aux scores nationaux. L'altérité de la plupart des phénomènes liés aux violences urbaines, à l'insécurité, aux incivilités ou aux problèmes migratoires, doublée par l'absence d'un leader local ne permettent pas d'élargir la base de l'électorat frontiste.

S. HUG


HUGSTEPHANE@aol.com

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