mardi 14 juillet 2009

Bien plus qu'un recueil de souvenirs, un véritable manifeste pour le gai passé

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Gisèle Gaston, cheville ouvrière de l'association bellerivoise LA MEMOIRE DU BOURBONNAIS, a récemment publié un recueil intitulé Souvenirs bourbonnais, entre Forterre et Val de Besbre, entre 1950 et 1960. Cet ouvrage mériterait à plus d'un titre de trôner dans la bibliothèque de tous ceux et de toutes celles qui se passionnent pour notre province. Gisèle Gaston restitue avec brio l'atmosphère qui régnait durant son enfance dans le hameau de Coutant, sur la commune de Tréteau. Si l'espace social de la jeune Gisèle est alors dominé par le cadre familial et par l'école, l'ailleurs fait fréquemment irruption dans l'univers de la fillette par le biais du métier du père qui est camionneur, ce qui lui permit, à l'occasion de certaines tournées, de découvrir la Grande bleue, Marseille et Saint-Tropez... L'une des grandes originalités du travail de Gisèle Gaston est de nous offrir une écriture très féminine, une véritable rareté. Deux exemples parmi d'autres. Sous sa plume, fait unique, la saison hivernale est enfin féminisée ("Dame Hiver"). Au temps liturgique et scolaire des gamins de l'après-guerre, Gisèle Gaston rajoute une perception calendaire reposant sur un temps culinaire (les crêpes, les bignons, les produits de la chasse automnale...). Et puis, au creux de cet ouvrage se niche quelques madeleines de Proust, ces petites choses apparemment anodines qui possèdent le pouvoir discret de vous transporter en quelques secondes au plus profond de vos souvenirs d'enfance et de retrouver fugacement la chaleur de la brique de la grand-mère glissée entre les draps froids ou le plaisir chaque fois renouvelé de feuilleter le catalogue du Familistère (de la Manufrance pour d'autres...). Gisèle Gaston revendique en effet le droit d'écrire sa vision joyeux du passé. Il flotte dans cet ouvrage l'esprit lumineux des Enfants du marais de Jean Becker.


Pour mieux découvrir l'auteur des Souvenirs bourbonnais, voici quelques questions que nous lui avons posé pour le compte du site PALICIA :


L'écriture de soi passe-t-elle pour vous par l'expression affirmée d'une mémoire féminine, grande absente de l'histoire ?

Dans un premier temps je n’avais pas écrit ces pages pour les publier, je voulais seulement laisser un témoignage pour mes petits enfants. En regardant autour de moi dans les salons, j’ai vu beaucoup de biographies plus ou moins romancées, et tristes dans la plupart des cas, ou encore ces écrits sont une thérapie pour leur auteur ; et la n’était pas du tout mon objectif (de faire pleurer dans les chaumières). La gente masculine est bien représentée, et l’histoire d’une femme ayant vécue une très belle enfance pour les années décrites me paraissait une évidence. C’est vrai que ce livre une fois terminé me paraissait trop intime, trop personnel. J’ai eu une hésitation a le sortir, et puis : « on verra bien ! » Un petit tirage de 100 exemplaires pour commencer, qui sont partis en 3 dédicaces. Un retirage a vite été commandé.

Existe-t-il un lien entre votre parcours professionnel et votre soif d'écrire et de raconter ?

Le métier d’infirmière en psychiatrie est principalement basé sur le contact avec l’autre. Discuter, parler, questionner, observer, écouter surtout, faire des rapports oralement et écrits avec l’équipe soignante, les médecins, les psychologues, les assistantes sociales …
En dehors de mon travail, j’ai fait du théâtre qui m’a beaucoup apporté, les improvisations et l’écriture de petites pièces ont été pour moi un vrai bonheur.
Dans ma famille, chaque fois qu’un évènement est à fêter je fais un discours, donc recherche sur la personne et écriture de quelques pages retraçant sa vie, des anecdotes…encore le week-end dernier pour les 50 ans de ma belle-sœur en Belgique je lui ai offert un petit ouvrage agrémenté de photos inédites !

Pouvez-vous nous présenter en quelques mots l'association Mémoire du Bourbonnais ?

Cette association a été créée en octobre 2000, son but : rechercher, sauvegarder et transmettre les savoirs de nos ancêtres dans le Bourbonnais.
1er ouvrage : métiers du monde rural (G.Gaston) avec 50 métiers disparus ou presque
2e ouvrage : vieux métiers de nos aïeux en Bourbonnais (écrit avec un membre de l’association) 140 métiers
Une vraie passion pour les vieux métiers puisque je possède une collection d’outils, d’objets et de linges anciens
Dans les expositions notre stand est agrémenté de vieux outils, de pots de confiture, de casseroles en cuivre, tout cela ayant un lien avec les livres présentés.
28 livrets de cuisine d’autrefois ( les pâtés, le gibier, les confitures, les boissons, les soupes, les repas de fête….), 2 livrets sur les plantes et les remèdes d’antan, 1 sur les trucs de la maison et du jardin, 1 livret de poésies et histoire en patois bourbonnais, 1 livre de contes anciens. Mais aussi des conférences sur les vieux métiers avec 250 photos anciennes sur DVD et une animation sur le patois sont proposées dans les médiathèques, les maisons de retraite, les écoles, les comités des fêtes…(la médiathèque de Lapalisse nous a reçu lors de deux conférences cette année)
Dix membres représentent l’association. Une seule plume : la mienne. Un autre auteur a quitté l’association.


Comment définiriez-vous l'identité de notre province ?

Notre province du Bourbonnais est la plus belle puisque c’est la nôtre !!!!! Le Bourbonnais est un ancien duché et a une Histoire avec les Bourbon, les villes de Bourbon l’Archambault et Moulins en sont le témoignage. Vichy, ville thermale, a une histoire également avec Napoléon III. Le Bourbonnais est un fief, cossu, aux paysage multiples : plaine de Limagne, bocage, sologne, montagne bourbonnaise. Le Bourbonnais garde avant tout son identité et ne s’intègre « pas » dans l’Auvergne. Les Bourbonnais se disent Bourbonnais et non Auvergnats !
Le Bourbonnais est accueillant puisqu’il dit ‘bonjour par devant et par derrière’ avec son chapeau aux 2 bonjours. Chapeau que l’on trouve uniquement en Bourbonnais.

Le site de l'association MEMOIRE DU BOURBONNAIS : www.memoire-du-bourbonnais.com
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Pour contacter Gisèle Gaston et se procurer son ouvrage : gaston.gisele@wanadoo.fr
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Le 21 août, à Lapalisse, dans le cadre de la journée « Flâneries au château » autour des thèmes de l'artisanat d'art et des vieux métiers, venez découvrir le stand de l'association MEMOIRE DU BOURBONNAIS entre 10h et 22h.


S. HUG

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