mardi 15 septembre 2009

Le Centenaire des Manoeuvres du Bourbonnais (chapitre I) : les préparatifs

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De nos jours, les manoeuvres militaires se déroulent dans une indifférence quasi générale. Il y a un siècle, il s'agissait d'un événement national. Depuis la défaite de 1870 et la perte de l'Alsace-Lorraine, un puissant sentiment de revanche animait toute la nation française. L'armée, émanation de cette même nation, était devenue la religion de la République et du pays tout entier. Être pacifiste en ce temps-là était une tare sociale. Les Grandes manoeuvres du Bourbonnais qui se sont déroulées entre Allier et Loire marquèrent l'un des sommets de cette passion française. Entre le 15 et le 19 septembre, sous la direction du Général Trémeau, les 21 000 hommes du 13e corps du Général Goiran affrontèrent les 24 000 hommes du 14e corps du Général Robert. La ville de La Palisse fut choisie comme siège de l'Etat-Major et base de départ du dirigeable République, vedette de ces Grandes manoeuvres.





Construit par les ateliers Lebaudy, le dirigeable Republique (62 m de long, 18 m de diamètre, 3000 mètres cubes de capacité, pouvant transporter près de quatre tonnes et disposant d'une autonomie de douze heures) était l'un des cinq dirigeables que possédait alors notre pays (le Lebaudy, le Ville-de-Paris, le Liberté, le Colonel-Renard et le République).



Dès la fin août, sur la plaine de Rosières, située à un kilomètre au nord de La Palisse, des unités du Génie avaient assemblé en quatre jours un immense hangar de plus de 72 mètres de long sur 30 de haut devant accueillir le République.

L'arrivée du dirigeable était prévue pour le 4 septembre. Toute la ville et les environs s'étaient donnés rendez-vous à Rosières. Parti de la base de Chalais-Meudon, le République subit un avarie au-dessus de la commune de Précy (Nièvre) et se posa en catastrophe. Après toute une journée d'attente, à neuf heures du soir, le site de Rosières se vida subitement... Dans les jours suivants l'enveloppe, l'armature et la nacelle du dirigeable furent transportés par la route.



Par route et par chemin de fer, toutes les routes du centre de la France menaient alors à La Palisse (ici, le quartier de Montplaisir avec la gare de La Palisse-ville). Toute la ville se mobilisa pour accueillir la Direction générale des Manoeuvres : "Le Général Trémeau est logé à la sous-préfecture et son officier d'ordonnance, le capitaine de La Fontaine, chez M. Desaint-Martin. Le généralissime, très simple, a déclaré se contenter de deux petites pièces situées à l'extrémité de l'aile est du bâtiment, il s'est aussitôt mis au travail et a reçu quelques officiers de son Etat-Major avec lesquels il a conféré longuement. Le Général Pau, directeur des arbitres, avec deux commandants et un capitaine est logé au château de La Palice, enfin, le Général de Castelnau est logé chez M. Saulnier, route du Donjon. Le service de la trésorerie et des postes est installé à l'école libre des garçons, le bureau de direction des arbitres est installé dans la justice de Paix et les aérostiers dans la halle aux blés." (Le Courrier de l'Allier - 10 septembre 1909)


Regonflé le 9 septembre, le République exécuta sa première sortie le 13 septembre devant une foule enthousiaste.



S. HUG


HUGSTEPHANE@aol.com

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