lundi 15 février 2010

Drôle de drame en 1832

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Après avoir réalisé une tournée en Angleterre, un petit entrepreneur de spectacle qui possédait un éléphant et l'exhibait un peu partout, projeta de gagner Paris. Or, en mars 1832, la capitale était en proie à la dernière grande épidémie de choléra de son histoire : pas question de rentrer dans Paris ! Le bateau du retour débarqua finalement la petite troupe à Bordeaux. Là, l'animal réputé retors tua un spectateur lors d'une représentation. La tournée continua néanmoins en direction de Lyon. Voici à la mi-décembre 1832 la troupe (qui voyageait de nuit afin de rentabiliser le nombre de spectateurs potentiels rencontrés dans les villes et villages traversés) arriva sur les terres bourbonnaises : Moulins, Lapalisse, Droiturier, puis le 20 décembre le cortège arriva à Saint-Martin-d'Estreaux où le mauvais temps la bloqua pendant trois jours à l'auberge du Lion d'Or. Le 23 décembre, toujours de nuit, la troupe reprit la route de Lyon, mais à quelques lieues de Saint-Martin-d'Estreaux, l'éléphant se rua sur son cornac, d'origine italienne, et l'écrasa. La déclaration de décès fut enregistrée à la mairie de Saint-Martin-d'Estreaux mais pour des raisons obscures, le cortège rebroussa chemin et revint en Bourbonnais. Curieux spectacle : l'éléphant meurtrier portait sur son dos le corps en miettes de son cornac qui fut finalement inhumé à Lapalisse. De là, l'éléphant et sa troupe prirent la tangente par la route de l'Est.



(in, Louis Bouchery, Dans l'intimité des Grands : l'éléphant de cirque, 2005)

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S. HUG

HUGSTEPHANE@aol.com

jeudi 4 février 2010

Plaidoyer pour un nouveau modèle de territoire

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Le sondage mis en ligne sur PALICIA le mois dernier a permis de créer une dynamique de réflexion autour de plusieurs thèmes touchant à l’avenir de notre ville. Le manque de lisibilité des actions menées et l’absence d’une vraie visibilité de Lapalisse et de son pays, sont les deux thèmes de travail qui sont le plus souvent revenus dans les propos des internautes du Pays des Vérités. Grâce à la Toile, l’esprit public est aujourd'hui beaucoup plus réactif et critique qu’il y a dix ans. Désormais, le citoyen de base, grâce à la force du web et des réseaux sociaux, peut étalonner le travail d’une équipe municipale en la comparant avec des modèles développés dans différents points de l’Hexagone. Du coup, l’excellence ou la médiocrité deviennent instantanément criantes de… vérité. Si le Pays de Lapalisse perd la bataille des idées, il perdra son avenir. Aussi, pour aller au-delà d'une simple "bloguerie de comptoir", je vous livre, au travers de cet article, un modèle de territoire élaboré en partie à partir des désiderata énoncés par les internautes lapalissois. La caractéristique de ce modèle territorial est d’intégrer trois échelles de vie : le PAYS, la VILLE et l’ARTERE (l’ancienne Nationale 7 dans sa traversée de Lapalisse).

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Un modèle de territoire reposant sur l'emboîtement de trois échelles géographiques : le Pays, la ville et l'artère principale.

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Beaucoup d’habitants du Pays de Lapalisse peinent à visualiser le territoire où ils vivent : si la mutualisation des moyens au sein de la com com est désormais parfaitement intégrée par la population, le territoire communautaire, formant pourtant un véritable espace social, apparaît en revanche encore trop souvent comme artificiel. Le premier enjeu est donc de développer l’identité du Pays de Lapalisse, c’est-à-dire à la fois de parler à ses habitants et d’en bâtir une image clairement définie à destination des touristes et des acteurs du tourisme régional. Cet objectif peut être atteint en privilégiant trois actions :


· Communiquer autour de deux événements saisonniers : la fête de Printemps et la fête d’automne. L’un des grands regrets des habitants du Pays de Lapalisse est en effet la disparition de la fête de printemps instituée au cours des années 2000 par le Comité des Fêtes de Lapalisse. Tout le monde se souvient que cette manifestation, qui attirait deux à trois mille visiteurs dans notre ville, disparut faute de bénévoles. Il est impératif de recréer un tel événement et de réactiver le Comité des Fêtes mis en sommeil il y a trois ans. Il est sans doute temps d’expérimenter une nouvelle forme de collaboration avec le monde associatif. Ainsi, chaque conseiller municipal non doté d’une délégation pourrait se voir proposer une Charte d’engagement civique lui permettant, contre une indemnité, de s’engager au service de la vie festive lapalissoise. Ces conseillers deviendraient de la sorte les pivots d’un Comité des Fêtes d’une nouvelle génération qui, après révision de ses statuts, se verrait confier la gestion et le développement d’un forum associatif local. Toutes les associations locales pourraient librement adhérer à ce forum. Les adhérents, s’engageant bénévolement dans la préparation et l’organisation d’événements lapalissois, capitaliseraient au nom de leur association un crédit-temps qui, lors du montage financier d’un projet précis, serait converti en une subvention supplémentaire accordée par la municipalité. L’unité de crédit-temps serait néanmoins dotée d’un coefficient inversement proportionnel au poids numérique de l’association afin de ne pas pénaliser les petites structures associatives. Enfin, pour donner une dimension communautaire à la Fête d’automne, il conviendrait de la penser à l’échelle du Pays et non plus seulement à celle de Lapalisse. L’exemple du Festival viticole et gourmand créé en Saint-Pourcinois il y a trois ans fait à ce titre figure de modèle du genre.

· Créer une publication biannuelle gratuite consacrée au patrimoine, à l’histoire et à l’action culturelle en Pays lapalissois sur le modèle de la remarquable Gazette des Monts de la Madeleine. Une véritable dynamique de territoire ne pourra être créée qu’à la seule condition que tous les habitants du Pays se sentent investis d’un héritage historique commun.

· Créer un Pack ruralia, c’est-à-dire un passeport regroupant l’ensemble des offres touristiques liées à la ruralité du Pays de Lapalisse et permettant d’accroître la lisibilité de notre territoire au travers de plusieurs formules. La formule la plus complète serait basée sur la mise à disposition des touristes de coach de Pays les guidant à travers les campagnes du Lapalissois et les accompagnant dans leur rencontre avec les acteurs de notre ruralité.

Une ruralité à parcourir
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Le travail sur l’image de notre ville est sans doute le plus difficile à mener car, dans l’esprit collectif, cette notion est intimement liée à l’idée du déclin de Lapalisse matérialisée par la fermeture de nombreux commerces. Cependant, rien ne prouve qu’une hypothétique expansion économique se traduirait obligatoirement par une reconquête des cellules commerciales abandonnées. L’enjeu est donc dans un premier temps de parvenir à rénover l’image projetée de notre ville. Cette entreprise de longue haleine passe tout d’abord par la remasterisation du site internet communal qui n’a pas été retouché depuis sa création en… 1999, c'est-à-dire une éternité à l’échelle temporelle de la Toile. Il est désormais impératif de le rendre plus dynamique, plus vendeur, en y intégrant des animations flash et des bannières interactives. Le prochain site communal devra également être pensé comme un véritable hub, c’est-à-dire une plate-forme de réflexion fonctionnant sur le principe d’un réseau social mettant en relation l’ensemble des entrepreneurs et des porteurs de projets qu’ils soient installés dans le Pays ou expatriés. Ce hub peut parfaitement être sécurisé et gérer par un webmaster-modérateur dédié.

Une ville plus visible

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La dernière échelle de réflexion intégrée à ce modèle territorial est celle de la principale artère lapalissoise, à savoir l’ancienne Nationale 7 dans sa traversée de la ville. Les travaux de réhabilitation qui sont planifiés jusqu’au printemps de cette année, ne suffiront pas à redynamiser cette artère : il faut véritablement la replacer au cœur de l’image du Pays de Lapalisse en en faisant un lieu central. Beaucoup d’internautes se sont émus de l’état de décrépitude de l’entrée sud de la ville (la route de Roanne). Il est temps qu’une réflexion municipale et communautaire s’engage sur cette micro-portion de l’ancienne Route bleue en projetant le paysagement sur la droite de la chaussée de l’emprise de l’ancienne station service. Cet espace, ainsi que la totalité de la traversée de Lapalisse, pourraient être valorisés par l’installation d’œuvres nées d’un partenariat avec le Musée de l’Art en marche (Art brut) et financées par la création de micro-bourses artistiques (2 000 à 5 000 euros) packagées à la fois par la commune, la Communauté de communes et l’intervention d’un mécénat d’entreprises. Le thème général serait celui l’histoire de la Route bleue et des migrations estivales afin d’inscrire dans l’espace urbain l’importance de cet héritage routier. L’objectif final serait de créer, tout le long de la traversée de Lapalisse, la première galerie d’art rubanée de France, dont la muséographie emmènerait le visiteur jusqu’au cœur de la vie lapalissoise. Notons au sujet du financement de ce concept que plusieurs fondations soutenant la promotion de l’art contemporain peuvent être sensibilisées sur ce thème de la galerie rubanée.


Reste enfin à donner un sens à cet emboîtement d’échelles géographiques en installant dans une des cellules commerciales réhabilitées au pied du château, place du Moulin, un Comptoir de Pays, lieu de promotion animé par une scénographie à caractère historique qui entraînerait le visiteur dans le passé de Lapalisse et de son pays. Ainsi, dans une échoppe reconstituée, un ou deux intervenants maîtrisant les arts de la scène, feraient revivre au cours d’une représentation de quelques dizaines de minutes l’environnement social, architectural, sonore et olfactif des rues et des places lapalissoises d’avant 1914. La dimension gustative ne serait pas oubliée en intégrant dans le scénario, la mise en scène et la dégustation de produits du terroir (commercialisés à l’intérieur même du Comptoir de Pays ou dans son périmètre immédiat).

Une artère à réinventer
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S. HUG
Analyse conceptuelle protégée par un copyright