jeudi 23 septembre 2010

Histoire de l'Union Musicale de Lapalisse (deuxième partie)

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Désorganisée par la Grande Guerre, l’Union Musicale repartit en 1919 sous un statut municipal.
Ce fut justement ce statut qui fut à l’origine d’une grave crise en 1926-1927. L’Union Musicale, alors sous la présidence de M. Roussel, marchand de Vins et de spiritueux, fut mise en sommeil pendant plusieurs mois. A cette époque, la municipalité d’Auguste Coche désirait en effet conserver un droit de regard sur les statuts de la société et donc sur ses activités. Devant la fronde des administrateurs de la société musicale, le Maire décida de fermer la salle de répétition, installée dans l’ancienne chapelle de l’hospice, et de geler les subventions municipales. L’industriel Gilbert Barthelot intervint alors, finança sur ses deniers la relance de la société et permit aux musiciens de répéter dans les ateliers de son usine. La nouvelle Union Musicale se distingua alors aux concours de Thiers (1932), Lapalisse (1934) et Montluçon (1935). Gilbert Barthelot devint Président de l’Union Musicale en 1932 et le demeura jusqu’en 1936, année durant laquelle la grève qui paralysa son usine durant les mois de juillet et d’août entraîna sa démission. Réorganisée à la hâte, autour d’un nouveau Président, l’entrepreneur en matériaux de construction Jean Depeyre, le chef roannais Girardon fut également écarté au profit du très charismatique Joseph Liard, clarinettiste lapalissois de grand talent.

L'Union Musicale en 1932. Au centre du premier rang, Gilbert Barthelot, Président de la société, à sa droite, Auguste Coche, maire de Lapalisse et le Chef Girardon. Dans son receuil de nouvelles La Grande Ecole, paru en 1981, Georges Romaillat se souvient de ce chef de musique :

"La Musique était une petite société à part. On y trouvait tous les âges, entre quatorze et quatre-vingts ans, ainsi que toutes les conditions sociales. Le Chef, M. Girardon, venait de Roanne chaque semaine par le train, pour diriger la répétition. C’était un ancien de la Garde Républicaine, un petit homme à cheveux blancs, strictement vêtu de boir, portant chapeau melon, extrêmement courtois, mais assez peu communicatif. Dans sa main droite, sa baguette planait sur la partition et sur les musiciens. Dès qu’il accédait à l’estrade, il était métamorphosé, sa main gauche entrant dans le jeu par toute une série de mouvements précis, violents, parfois impératifs, ou caressants. La bouche, les yeux participaient à cette symphonie du geste. Il avait composé dans sa jeunesse et, noblesse oblige, on jouait quelques-unes de ses œuvres. Je me souviens, mais bien mal d’une certaine « Torah », sorte de poème symphonique austère inspiration biblique, où la partition de clarinettes avait une place royale. Par contre, ce Monsieur sévère, avait écrit, entre autres choses, une charmante petite marche toute sautillante, avec un joyeux mouvement rempli d’humour. Il avait intitulé ce petit chef-d’œuvre « la Marche des Bonnes Vieilles ». Quand il était satisfait de la répétition, il nous l’octroyait en final, pour nous récompenser ! "

Dans la vie de l'Union Musicale, le dimanche de la Sainte-Cécile prenait autrefois des tournures épiques :
«Le dimanche suivant le 22 novembre, le programme était particulièrement soigné, et conçu pour la circonstance. A la grand’messe de onze heures, la Musique prenait place dans un transept, et l’assistance avait droit à un office quelque peu bruyant, avec notamment une sonnerie de clairon juste avant l’Elévation. Des âmes pieuses trouvaient à redire, les fracas des cuivres étant peu propice au recueillement ! Mais après le profane, il y avait la partie noble : on exécutait « Les Erinnyes » de Massenet, « La Symphonie inachevée » de Schubert et « La Pavane pour une Infante défunte » de Ravel. Après ces hauts moments, la vie courante reprenait ses droits dès la sortie de l’église. Cécile, patronne des musiciens, fut vierge et martyre. Comme on précise d’autre part qu’elle aurait été mariée au païen Valérien, la transition était facile. Pour l’honorer selon ses mérites, la grande fête païenne démarrait dans tous les cafés de la ville, où l’apéritif était à discrétion pour tout porteur d’un uniforme à écussons en forme de lyre. Le banquet, comme ceux de ce temps, était monumental, et les nouvelles recrues commentaient avec un certain effarement mêlé d’admiration, ces anciens qui se tenaient héroïquement à table, en doublant tous les plats, jusqu’à une heure avancée de la nuit. Après les desserts et les chansons grivoises, l’assistance perdait peu à peu ses effectifs. Un dernier carré résistait vaillamment, trébuchant entre les tables, piétinant les cartes à jouer, certains s’endormaient sous les bancs. Finalement, le combat cessait aux aurores, faute de combattants ! » (Georges Romaillat, ouv. cité).


Dans les années 1920-1930, l'Union Musicale avait monté une petite compagnie théâtrale qui jouait à l'occasion la comédie lors de concerts.

Un groupe de virtuoses dans les années 1920



L'Union Musicale en décembre 1944. Notez sur ce cliché la présence d'une partie de l'orchestre symphonique de Lapalisse qui exista entre 1936 et 1962. Au centre du premier rang, le Chef Joseph Liard, à l'extrême-droite, avec le chapeau noir, Madame Pophillat, responsable de l'école de Musique et Alphonse Bletterie (flûte traversière), grande figure lapalissoise, membre du comité de Libération de Lapalisse et conseiller municipal de 1945 à 1971.
(documents photographiques Michel Parillaud).

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A suivre...
S. HUG

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