samedi 13 août 2011

De l'affaire privée à la rébellion : la révolte des Pions à Lavoine (1764)

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La révolte des Pions est un événement fondateur de l’identité de la Montagne bourbonnaise qui a tout d'abord fait l’objet de plusieurs complaintes populaires, puis, à partir du XIXe siècle, de nombreuses études érudites. Cette révolte met en lumière la force des liens familiaux qui structuraient les communautés paysannes d'autrefois, mais aussi les difficultés de l'administration royale qui, tout en essayant de gagner du terrain sur les justices seigneuriales, se trouvait à la peine lorsqu'il s'agissait d'encadrer des territoires marginaux.



Un dénommé Albert Barraud, demeurant au village de Bêchemore (La Guillermie), avait emprunté une somme modique au sieur La Caille, procureur à Moulins. N’arrivant à pas recouvrer l’argent en question, le sieur La Caille intenta une action en justice. Le 2 janvier 1764, Jacques Sayet, huissier au Mayet, assisté d’Antonin Dumas et Gilbert Piat, tous deux recors, se rendit à Bêchemore. Les trois hommes furent accueillit par les sœurs d’Albert Barraud qui n’hésitèrent pas à jouer du bâton. Gilbert Piat, grièvement touché à la tête, décéda des suites de ses blessures deux semaines plus tard. Le 29 janvier, l’une des deux sœurs Barraud, Marie, fut appréhendée et incarcérée dans les prisons de Ferrières. La seconde, Antoinette, réussit quant à elle à s’enfuir dans les bois. Pour respecter la procédure d’instruction, quelques jours plus tard, Marie Barraud fut transféré au siège de la justice de La Guillermie dont dépendait le village de Bêchemore. Une quarantaine d’hommes en armes tendirent une embuscade sur le trajet : deux cavaliers de la maréchaussée furent blessés, mais Marie était libre. L’affaire venait de prendre une nouvelle dimension. Il s’agissait désormais d’une véritable insubordination. Le 22 mars 1764, trois brigades de maréchaussée et trois compagnies de grenadiers cernèrent le village des Pions. Le lendemain matin, au point du jour, l’assaut fut donné. Seize villageois furent arrêtés, alors que le procureur de la Sénéchaussée réclamait trente-trois prévenus : une bonne partie d’entre eux avait donc trouvée refuge dans les bois.






Avant tout paysans, les Pions s'étaient également lancés dans l'eploitation et le commerce du bois du massif des Bois Noirs depuis vraisemblablement le XVe siècle.



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La sentence tomba le 20 septembre 1764. Cinq Pions (Gilbert Pion-Basmaison, Claude Fradin, Antoine Pion, Laurent Barraud et Simon Devernois) furent condamnés à mort, Simon Devernois fut envoyé aux galères marqué du signe GAL, dix autres furent condamnés simplement à assister aux exécutions capitales et les douze fugitifs furent condamnés à être pendus en effigie Place d’Allier à Moulins. Tous les biens des condamnés furent par ailleurs confisqués au profit du seigneur de La Guillermie.



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S. HUG




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