dimanche 4 décembre 2011

1851-2011 : retour sur la résistance donjonaise au Coup d'Etat du 2 décembre. Troisième volet : Du sang sur le pavé.

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Mais alors que les deux colonnes républicaines continuaient à avancée, la ligne de défense se débanda, pompiers et gardes nationaux prirent sans coup férir la fuite. Sur ces entrefaites, Rochefort courut jusqu’à son bureau de la sous-préfecture, prit un sac d’écus, jeta dans une cheminée quelques papiers sensibles et s’enfuit par une porte située à l’arrière du bâtiment en direction de la mairie. Les deux bâtiments administratifs furent perquisitionnés par les insurgés qui finirent par trouver Rochefort caché dans un réduit.
Dehors, le gros de la troupe donjonaise n’avait pas perdu de temps et s’était appliqué à édifier une barricade à la hauteur du presbytère. Vers 8 h 30, sept gendarmes de la caserne de La Palisse, suivis par une escouade de pompiers et de gardes nationaux se placèrent au pied de l’actuelle rue de la Fraternité. A mi-pente, le lieutenant Combal fit signe à ses hommes de lancer une charge. Un tir nourri barra cette charge. Le Maréchal-des-logis Lemaire fut tué sur le coup, les gendarmes Busson et Jaillard furent grièvement blessés, les quatre autres membres de la charge furent plus légèrement touchés et battirent en retraite. L’intensité du feu donjonais mit en déroute le corps des pompiers et des gardes nationaux. Le sous-préfet profita le l’émotion générale pour s’enfuir par la cure de l’église, enjamba le mur qui la séparait du jardin de la sous-préfecture, gagna les écuries, y harnacha à la hâte un cheval et fila au galop par l’actuelle route de Bert. Ci-dessous : plan des affrontements de La Palisse dressé par l'historien cussétois Jean Cornillon (1845-1936) et publié dans son étude sur Le coup d'Etat du 2 décembre 1851 dans le département de l'Allier.
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Maîtres de La Palisse, les Républicains donjonais parcoururent la ville afin d’essayer de recruter des hommes supplémentaires. Leurs démarches furent sans résultats. En tout début d’après-midi, l’annonce de l’arrivée imminente d’un escadron de chasseurs en provenant de Moulins sema le trouble parmi les rangs des insurgés. A 14 heures, alors qu’il commençait à neiger, les Donjonais prirent la décision de se replier et à 16 heures, le sous-préfet de Rochefort entra dans La Palisse à la tête d’un détachement de cavalerie. Rochefort nota le soir même dans une lettre adressée au Préfet de l’Allier : « A notre retour, la ville était évacuée et les chasseurs se sont emparés de la mairie sans trouver d’obstacles. De concert avec M. le juge de Paix, j’ai fait arrêter 18 des principaux émeutiers qui ont été trouvés armés dans les cabarets et cafés. Demain à 8 heures, nous partirons pour Le Donjon avec 100 chasseurs, les autres resteront ici. Toute la journée on a sonné le tocsin dans les cantons de Jaligny, de Lapalisse et du Donjon. Il faut de toute nécessité que vous me laissiez de la garnison : la partie bonne de la population est convaincue qu’aussitôt le départ des chasseurs les brigands reviendront. Je ne trouverai pas d’hommes pour faire la moindre résistance. La position ne serait pas tenable. Avisez. » Relevons au passage que les émeutiers arrêtés furent principalement des Lapalissois aux idées républicaines et démocrates très affirmées.
A deux heures du matin, le 5 décembre, les Donjonais étaient de retour dans leur bourg où ils tinrent conseil sur la suite à donner à leur rébellion. Très vite, ils prirent la décision de se séparer, de se cacher ou de s’enfuir. Honoré Préveraud gagna la Belgique, Bourrachot Père, Felix et Adolphe Terrier, de Nolhac, Fagot, Pélassy et Jules Préveraud se réfugièrent en Suisse. Les deux frères Bourrachot furent arrêtés à quelques kilomètres de la frontière suisse, Philibert Bonnet et Léon Préveraud furent quant à eux appréhendés à Roanne, le chemin de l’exil d’Ernest Préveraud fut stoppé net à Saint-André et celui de Georges Gallay s’arrêta à Nantua.




A suivre...




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S. HUG




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