jeudi 9 août 2012

L'Atlas historique du Bourbonnais : du bon usage du "Pays" à l'époque moderne



L’apparition et la diffusion d’un sentiment d’appartenance bourbonnaise au cours des XVIIe-XVIIIe siècles place l’historien face au problème des espaces vécus et perçus. Plus qu’à une province étendue et composite, le Bourbonnais de l’époque moderne préférait exprimer son attachement à son « pays », c’est-à-dire à sa petite patrie (Dictionnaire de Trévoux – 1771), là où il était né. Tout l’enjeu de la question est de parvenir à définir les caractères des pays bourbonnais et, par là même, de parvenir à les délimiter. La dynamique territoriale (Xe-XVe siècle) qui présida à la constitution de la seigneurie puis du duché de Bourbon, semble avoir lessivé l’antériorité des terres rattachées. Les pays bourbonnais de l’Ancien régime ne peuvent donc plus se définir en tant que territoires historiques. En fait, l’unité de ces pays résidait principalement dans la somme de leurs caractères paysagers. L’existence de zones homogènes, toutes nées de l’action pluriséculaire des communautés rurales (et urbaines) sur leur environnement (« bons pays » du val d’Allier, de la Limagne Bourbonnaise ou de la Forterre, bocages du centre de la province, pays humides de la Sologne bourbonnaise, Forêt de Tronçais et Montagne bourbonnaise) permettait à n’importe quel villageois de se « sentir chez lui » dans la plupart des paroisses qui bordaient son propre finage. L’autre pays, comprenez le pays de l’autre, commençait là où la pierre remplaçait le pisé, là où la haie devenant de plus en plus rare et finissait par disparaître, là où le sol, se faisant montueux, ne laissait plus que quelques terres chaudes, enfin, là où les espaces boisés, allant en se densifiant, finissaient parfois par occuper la majeure partie des finages. Ces ruptures de loin en loin permettaient aux voyageurs bourbonnais ou venus d’ailleurs de se constituer leur propre carte mentale de notre province.

S. HUG 


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