jeudi 20 juin 2013

L'Ile Saint-Jean














En haut à gauche, plan de reconstruction du pont de lapalisse détruit par une crue de la Besbre en octobre 1707 (ingénieur Mathieu - BNF), au centre, le bras de rivière vers 1900, en haut à droite, premier cadastre de Lapalisse 1820 (AD Allier), en bas à gauche et à droite, deux clichés de l'ancien lit aujourd'hui asséché du petit bras de la Besbre. Ci-dessus, exceptionnel cliché du bras de la Besbre au tout début du XXe siècle. 

Ce petit îlot, d'un peu plus d'un hectare, devait son nom à une ancienne chapelle (sans doute du XVe siècle)dédiée à Saint-Jean-Baptiste qui s'élevait au bout du pont (on la distingue sur le plan de l'ingénieur Mathieu). Cette chapelle dépendant de l'Hôpital de Lapalisse, apparaît plusieurs fois dans les archives des XVIe et XVIIe siècles. En octobre 1707, la crue historique de la Besbre qui ravagea toutes ses berges, causa sans aucun doute des dégâts très importants sur le petit édifice de culte. Ne figurant pas sur le relevé des biens du Clergé vendus aux enchères lors de la révolution, ni sur le premier cadastre de Lapalisse levé en 1820, il faut donc en déduire que cette chapelle dut disparaître au cours du XVIIIe siècle.

Le petit bras de la Besbre qui séparait l'île Saint-Jean de la berge nord constitua, jusqu'au coeur du XXe siècle, une source de profondes gênes pour ses riverains. Servant de dépotoir, souvent à sec et dégageant périodiquement des odeurs nauséabondes, la question de la gestion de ce bras de rivière revint maintes fois lors des réunions des conseils municipaux entre les années 1880 et 1950. Recouvert dans les années 1920, il fut définitivement asséché et canalisé au début des années 1950.

S. HUG

mardi 18 juin 2013

Une crue destructrice du Barbenan en 1905

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Le 11 septembre 1905, à 20 h 30, un orage d'une extrême violence s'abattit sur la zone du Mas. Deux heures, plus tard, au milieu de trombes d'eau, le Barbenan, qui avait démesurément grossi, envahit les berges à la hauteur du bourg d'Arfeuilles. Un toit de chaume qui recouvrait un abattoir situé sur la rive gauche du ruisseau fut alors emporté et alla boucher l'unique arche du pont, faisant malheureusement barrage. L'eau monta alors très vite et envahi les maisons jusqu'au premier étage, bloquant de la sorte bon nombre d'habitants. Dans la nuit, le niveau de l'eau continua à monter, atteignant la Place des Victoires. Au petit matin, l'étendue des dégâts était enfin visible : plusieurs maisons du quartier de la Molle (situé le long du Barbenan) étaient en ruine, les chemins ravinés, les ponts du Moulin Lareure, de Raby, de Côte et de Chavroche n'existaient plus. Dans le bourg, la couche de boue était si épaisse qu'il fallut une semaine pour en venir à bout.
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S. HUG

vendredi 14 juin 2013

Un ancien commerce lapalissois : la quincaillerie Rousset

Située Boulevard de l'Hôtel de Ville, la quincaillerie Rousset bénéficiait d'un magnifique emplacement à proximité du champ de foire. Ce commerce, tenu par Claude Rousset et son épouse, offrait aux cultivateurs du canton un choix complet de matériels agricoles. Claude Rousset fut par ailleurs l'une des grandes figures de la gauche lapalissoise des années 30 aux années 50. Elu conseiller municipal sur la liste radicale du maire sortant Auguste Coche en mai 1935, Claude Rousset siégea dans le groupe d'opposant jusqu'en avril 1941 où l'ensemble des élus du groupe furent révoqués par décisions préfectorale. Arrêté par la Gestapo en juin 44 et envoyé quelques jours à la prison de la Mal-Coiffée de Moulins, il devint membre du Comité de Libération de Lapalisse en août 1944, puis adjoint au maire sans interruption de septembre 1944 à mars 1953.
S. HUG
HUGSTEPHANE@aol.com

mardi 11 juin 2013

Les foires de Lapalisse



































Photos 1, 2, 3 : la foire de Lapalisse dans les années 1910, photo 4 : la gare de Lapalisse-Saint-Prix un après-midi de foire, le chargement du bétail en direction des marchés parisien et lyonnais, photo 5 : Jean-François Drouin (1933-1992), l'âme du Concours agricole de Lapalisse. J.F Drouin était exploitant agricole à Rozières sur la commune de Lapalisse, syndicaliste agricole, président du Comité des Foires de Lapalisse de 1972 à 1992, conseiller municipal de 1977 à 1983, candidat URB aux cantonales de 1982.




Au temps de leur splendeur, peu avant la première guerre mondiale, les foires mensuelles de Lapalisse regroupaient couramment, lors de chaque réunion, près de 2500 vaches, 1000 taureaux, 1500 cochons et 300 paires de boeufs. Le déclin commercial de ces foires débuta dès le début des années 1920. Néanmoins, les foires de Lapalisse demeuraient des faits sociaux très importants : 

 "Chaque mois, c'était la foire, un véritable évènement, car hormis les enfants et les impotents, presque tous les habitants s'y retrouvaient. Des veaux, des lots de porcs étaient entassés dans de petites voitures rectangulaires et amenés dès l'aube au champ de foire. Dans les fermes importantes, on partait à pied, avant le jour, poussant à coups de trique les boeufs, les vaches, les génisses qu'on espérait vendre ce jour là. Les bêtes étaient attachées à de grandes barres de fer sur le foirail. Les marchands de bestiaux vêtus d'une grande blouse bleue et coiffés d'un large chapeau tournaient autour des bêtes, les tâtaient, examinaient les yeux, soulevaient les queues. Les paysans attendaient, attentifs, souvent inquiets. Parfois, quand la demande était forte, le transactions allaient vite et les prix étaient rémunérateurs. Mais parfois, les marchands étaient rares, ils faisaient traîner les choses, offraient un prix dérisoire. On discutait, on se disputait même parfois. Mais les paysans avaient besoin d'argent, ils finissaient par céder. D'autres, s'entêtaient, refusaient, ils étaient obligés de ramener leurs bêtes, pleins de tristesse et de rancoeur. Avant de repartir, paysans et paysannes entraient dans les cafés, les femmes prenaient un café et mangeaient un morceau de brioche, les hommes buvaient des bouteilles de vin rouge dans un énorme brouhaha. Les marchands de bestiaux, les paysans aisés, les propriétaires terriens s'installaient aux tables des restaurants, à l'hôtel du Bourbonnais, à l'hôtel du Champ de foire et chez Madame Périchon, une grosse dame très affable, qui tenait son commerce au numéro 39 de la rue pasteur, un café-restaurant depuis longtemps disparu. Cependant, les marchands de bestiaux ne traînaient pas. Après le café et la goutte, ils s'empressaient de se rendre à la gare pour surveiller l'embarquement des bestiaux dans les wagons, des bêtes que leurs commis avaient poussées à coups de trique jusqu'aux quais. Il y avait là une grande agitation, des cris, des beuglements. On poussait les pauvres bêtes sur un plan incliné en les piquant au flanc ou au derrière. Il y avait alors à cette époque plusieurs bistrots en face de la gare qui recevaient une grosse clientèle. La foire était aussi l'occasion de profiter de spectacles. Aux carrefours, on trouvait des camelots qui avaient étalé leur marchandise à même le sol ou sur des couvertures. Des rassemblements se formaient, paysans et paysannes écoutaient bouche bée les boniments des camelots. Pour un prix qui paraissait dérisoire, on pouvait acheter un lot de vaisselle : plats, assiettes, tasses... ou un lot de literie : draps, couvertures, couettes... Rue du Marché, un homme prétendait que ses verres étaient incassables. De temps en temps, il en jetait un par terre pour montrer sa solidité. Le marchand de chansons avait étalé sa marchandise sur un tréteau. Un accordéoniste jouait, assis sur une chaise, pendant qu'une grosse dame à la robe multicolore chantait les dernières chansons à la mode. Des jeunes filles restaient là longtemps pour apprendre l'air, puis elles achetaient le papier pour les paroles. Elles pourraient ainsi montrer leur talent dans les réunions de famille et pour les noces. Je me souviens d'un avaleur de grenouilles qui absorbait plusieurs litres d'eau, puis avalait trois petites grenouilles vertes devant une foule ébahie. puis il se tordait l'oreille et il rejetait une gerbe d'eau où se trouvait une grenouille et ainsi pour les autres bestioles. Après quoi, il faisait la quête, beaucoup lui donnait une pièce, quelques-uns qui avaient pourtant profité du spectacle se retiraient à la hâte.
La foire du 28 (le 28 décembre) était particulière. Certes c'était une foire comme les autres, mais elle précédait le 1er janvier. Avant la deuxième guerre mondiale, Noël était seulement une grande fête religieuse. On déversait sur des couvertures des tombereaux d'oranges. C'était le jour de l'année où l'on pouvait acheter de beaux fruits dont le parfum se répandait dans la rue. Mais, au faubourg, c'était une autre fête. Dans l'après-midi, on dansait sur une place, devant l'hôtel Galland, sur un parquet immense où l'on s'entassait. " (in, Gaston Gay, Le bistrot de ma mère, pp. 52-53).
Le déclin des foires de Lapalisse s'accélèra après la seconde guerre mondiale. Gilbert Barthelot, maire de Lapalisse de 1953 à 1959, essaya d'inverser cette tendance en créant, en 1954, une foire primée aux veaux, puis, en 1958, une foire primée aux porcs. En 1972, le Docteur Grèze, alors maire de Lapalisse, épaulé par Jean-François Drouin (voir commentaire des photos) lancèrent l'idée d'un concours agricole doublée d'une foire-exposition. Après de belles années, ce concept commercial entra en crise au cours des années 1990. L'édition d'octobre 2001 (réunissant seulement 70 bovins et 200 ovins) constitua le point d'orgue de cette histoire des foires de Lapalisse.
 
S. HUG