mardi 28 mars 2017

Collection Patrimoine du Bourbonnais : le Débredinoire de Saint Menoux

Le "berdin" ou "bredin" désigne en Bourbonnais le simple d'esprit, celui que René Fallet faisait monter à Paris ou bien descendre les marches de l'église sous les ricanements des villageois du cru. Invariablement, dans le département de l'Allier, ce terme est associé au débredinoire de Saint-Menoux. 

Le débredinoire de Saint Menoux, avec le trou en demi-cercle permettant de "soulager" le simple d'esprit

Ce sarcophage mérovingien, ayant subi plusieurs aménagements, renferme encore quelques reliques de Saint Menulphe venu des îles britanniques et mort à Mailly-sur-Rose (actuel village de Saint-Menoux) au VIIe siècle. Selon la tradition, il suffirait d'introduire son chef à l'intérieur du tombeau pour recouvrer la plénitude de ses facultés mentales.Rappelons simplement que la psychiatrie est une spécialité extrêmement jeune qui ne remonte qu'au début du XIXe siècle et qui ne déboucha sur la mise au point d'une thérapeutique adaptée qu'un siècle plus tard. Pendant longtemps, les deux meilleurs traitements de la folie furent le verrou (permettant de garder et de se garder du fou ou du dément) et la prière (dans le cadre d'une société profondément chrétienne).
La vie et l'existence même de Menulphe est sujette à caution. Selon la tradition, cet irlandais aurait émigré en Bretagne où il serait devenu évêque de Quimper. De retour d'un pélerinage à Rome, Ménulphe fit une halte dans le bourg de Mailly où il réalisa quelques miracles et se lia d'amitié avec un simple d'esprit qui finit par recouvrer la raison. Par la suite, la trilogie reliques/pélerinage/lieu conventuel, si répandue dans la chrétienté, se mit en place à Mailly : le tombeau de Ménulphe attira de plus en plus de pélerins qui finirent par être accueillis dans une abbaye bénédictine fondée peu après l'an mil. Cette abbaye subsista jusqu'à la Révolution où elle fut démantelée et pillée en l'espace de quelques années. Seule, de nos jours, subsiste de l'ensemble abbatial originel l'église de Saint Menoux, classée Monument Historique dès 1840. 
Eglise de Saint-Menoux datant en grande partie du XIIe siècle
A consulter : Jean-Thomas Bruel, « Aux origines de l’abbaye de Saint-Menoux : Saints et reliques (VIeXIe siècles) », L’abbaye de Saint-Menoux, Art, Archéologie et Histoire, Moulins, Société bourbonnaise des études locales,‎




dimanche 19 mars 2017

Le 4 mai 1865, le savant anglais Henry Christy meurt dans une chambre de l'Hôtel de l'Ecu à Lapalisse.

Henry Christy est né le 26 juillet 1810 à Kingston-on-Thames, dans le sud de l'Angleterre. Il débuta sa carrière professionnelle dans la société de son père, fabricant de chapeaux à Londres, et devint par la suite directeur de la London Joint-Stock Bank. En 1830, Henry Christy entama une série de voyages, qui firent naître en lui un intérêt grandissant pour les études ethnologiques. Encouragé par ce qu'il avait vu à la Grande Exposition de 1851, il consacra le reste de sa vie à voyager sans cesse et à réunir une vaste collection consacrée à l'histoire primitive de l'humanité et qui est aujourd'hui rassemblée au Bristish Museum. Il voyagea notamment en Norvège, en Suède, au Danemark (1852-1853), à Cuba, au Mexique, aux Etats-Unis et au Canada (1856-1857).
En 1858, il rejoignit la Geological Society au moment même où les silex taillés découverts en France par Boucher de Perthes permirent d'envisager l'ancienneté de l'Humanité. Christy, en compagnie de son ami Edouard Lartet, explora alors de nombreuses cavernes de la vallée de la Vézère en Dordogne. Les recherches qu'il finança permirent de découvrir l'homme de Cro-magnon en 1868, dans une caverne près des Eyzies.


Il mourut, le 4 mai 1865 dans une chambre de l'Hôtel de l'Ecu à Lapalisse, d'une inflammation des poumons à la suite d'un refroidissement sévère contracté pendant des opérations de fouilles près de notre ville. Il laissait un livre inachevé, Reliquiae Aquitanicae, réunissant ses contributions à l'archéologie et la paléontologie du Périgord et des régions voisines du Sud de la France. L'ouvrage fut publié en partie et terminé grâce à un legs de Christy, d'abord par Édouard Lartet puis, après sa mort en 1870, par le professeur Rupert Jones.
Selon sa volonté, la magnifique collection archéologique de Christy fut léguée à la nation. En 1884, elle fut accueillie au British Museum.


Buste de Christy conservé au Bristish Museum

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S. HUG
HUGSTEPHANE@aol.com