lundi 31 juillet 2017

Felix de Conny, sous-préfet ultaroyaliste de La Palisse (1814-1815)

Député de 1827 à 1830, né à Moulins (Allier), le 29 mai 1786, mort à Paris, le 19 décembre 1850, il appartenait à une famille noble fixée depuis longtemps dans le Bourbonnais.

Marqué dans son enfance par l'arrestation de son père qui échappa de peu à la guillotine de la Terreurs, il vint très jeune à Paris, et se fit remarquer par son opposition au gouvernement impérial. Ayant manifesté son indignation, lors de l'exécution du duc d'Enghien, il fut arrêté et emprisonné sur ordre de Fouché ; mais Napoléon le fit remettre en liberté. En 1811, il publia deux brochures royalistes, dont l'une avait pour titre : La France vengée ou les régicides punis; l'autre combattait avec vivacité le système de la conscription militaire. Cette fois, Felix de Conny reçut l'ordre de quitter la France.

Il y revint peu de temps avant la Restauration, et entretint à Paris des relations actives avec des partisans du camp légitimiste. Au moment de l'abdication de l'Empereur, il était à Moulins; il lança aussitôt une sorte de manifeste aux habitants de la région, et prit l'initiative de l'envoi d'une députation à Louis XVIII chargée de lui demander, pour le département de l'Allier, l'autorisation de prendre le nom de "département du Bourbonnais". Nommé par la protection de la duchesse d'Angoulême, qui prenait alors les eaux de Vichy, sous-préfet de La Palisse, il appela aux armes dès qu'il connut le débarquement de « l'usurpateur », toute la population de l'arrondissement : « Aux armes ! habitants, aux armes ! écrivit-il dans sa proclamation. Bonaparte est débarqué au golfe Juan. Celui dont le sceptre de fer nous écrasa si longtemps, a osé reparaître en France ! Que la France le repousse! Il nous apporte avec la servitude la honte de l'invasion. Aux armes! habitants, aux armes! Je combattrai dans vos rangs, et si je tombais frappé du coup mortel, ne pleurez point sur ma destinée : je serai mort en défendant la liberté de mon pays. » M. de Conny multiplia ses efforts afin d'organiser la résistance. Lorsque le courrier apporta à la Palisse la nouvelle des événements du 20 mars, il le fit arrêter et coupa ainsi la ligne de communication entre Lyon et Paris; plusieurs jours s'écoulèrent, et la Palisse resta le seul point sur la route où flottait encore le drapeau blanc. Le sous-préfet ne se retira que deux heures avant l'arrivée des 6,000 hommes de troupes de ligne qui marchaient contre le duc d'Angoulême. Il réussit à échapper aux poursuites décrétées contre lui, et, dans les premiers jours de juillet, revint prendre possession de l'arrondissement au nom du roi. Jugé trop extrémiste, Félix de Conny fut destitué et se rendit à Paris où il collabora à plusieurs journaux royalistes. En 1816, il fut fait vicomte et reçut la Légion d'honneur. Sous-préfet de Gannat entre 1820 et 1824, il fut ensuite installé comme maître des requêtes au Conseil d'Etat.

Appelé à la Chambre des députés, le 24 novembre 1827, par le collège du département de l'Allier, avec 100 voix, il se montra fidèle à ses idées, siégea à l'extrême droite. Il prit une part assez active aux travaux parlementaires, et se signala plusieurs fois à la tribune. En 1830, il fut de ceux qui combattirent avec le plus de vivacité l'adresse des 221 Réformistes. Casimir Périer demanda à ce propos son rappel à l'ordre.

Réélu député, le 3 juillet 1830, par 121 voix, il fut d'avis qu'on résistât à outrance à toute tentative d'insurrection, et conseilla au ministère de faire arrêter les principaux députés de la gauche comme otages. Puis, voyant la lutte sérieusement engagée dans la rue, il demanda à combattre comme volontaire pour le maintien du trône de Charles X. Enfin, le 30, il se rendit à Saint-Cloud et pressa vainement le roi de s'emparer de la personne du duc d'Orléans : la plupart des royalistes se montraient peu disposés à payer de leur personne, et un des familiers du duc d'Angoulême dit à M. de Conny : « Mais, vous, Monsieur, qui parlez tant de combattre, nous promettez-vous la victoire ? - Non, monsieur, répliqua M. de Conny, mais je promets au prince de magnifiques funérailles. »

Après le succès de la révolution, le député de l'Allier protesta, le 7 août, contre la déchéance des Bourbon et refusa de prêter serment au nouveau régime. Il se démit, par la lettre suivante, de son mandat de député: « Paris, 21 août, «Monsieur le Président, « Dans la séance du 7 août, j'ai eu l'honneur de déclarer à la Chambre, que si le principe de la légitimité n'était point consacré, je n'avais pas le droit de participer à ses délibérations ; veuillez lui faire connaître que je refuse solennellement le serment que, dans une de ses dernières séances, la Chambre a prescrit à ses membres. Ce refus m'est commandé à la fois par mes principes politiques, par le souvenir de mes anciens serments, et par le respect que je dois au malheur. »
Dès lors, Félix de Conny fit sa plume de plus en acerbe. Ce qui lui fallut d'être arrêté  deux fois en 1831 et 1832: Dans une brochure intitulée De l'avenir de la France, Felix de Conny annonçait le retour du prétendant légitimiste, Henri V, ce qui lui valut un nouveau mandat d'arrestation. Cependant, De Conny  était parti pour l'Ecosse, d'où il fit voile pour Naples, afin de fomenter un soulèvement royaliste avec la duchesse de Berry. A partir de 1835, De Conny se lança dans la rédaction d'une imposante Histoire de la Révolution française en 8 volumes.  

S. HUG

HUGSTEPHANE@aol.com

samedi 8 juillet 2017

François Girardeau (1844-1936), républicain ordinaire



François Girardeau naquit à Saint-Gengoux-le-royal (Saône-et-Loire) en 1844. Son père étant couvreur, à sa sortie de l'école communale, François décida de s'engager sur la voie paternelle et partit ainsi faire son "tour de France" en tant que compagnon-couvreur. François Girardeau travailla à de nombreuses reprises à Vichy dans la décennie 1860. Engagé volontaire lors de la guerre de 1870 en tant que franc-tireur, François Girardeau découvrit véritablement Lapalisse peu après son retour à la vie civile. En septembre 1873, il épousa une jeune lapalissoise, Marie-Louise Dujardin (1852-1936), fille d'un maçon qui lui donna deux enfants. Très vite, François Girardeau s'installa à son compte au faubourg où il établit sa demeure et son atelier. Ardent anticlérical, libre penseur, François Girardeau entra au conseil municipal de Lapalisse en 1881 et y siègea jusqu'en 1888, puis de nouveau entre 1896 et 1900. Il fut également pendant de longues années président du conseil d'administration de la Caisse d'Epargne de Lapalisse.

Esprit curieux, François Girardeau possédait une assez belle bibliothèque qui regroupait notamment une Histoire naturelle en 27 volumes, le Dictionnaire encyclopédique de Trousset en 6 volumes, un atlas géographique dressé par Elisée Reclus, des ouvrages d'histoire politique...

François Girardeau mit fin à sa carrière professionnelle autour de l'âge de 60 ans. Disposant d'un bon porte-feuille d'actions et de trois maisons de rapport à Lapalisse, notre homme vivait en fait depuis de nombreuses années en bon bourgeois. Néanmoins, l'inflation causée par la Grande guerre fit fondre le rapport de ses titres et les dernières années de sa vie furent un peu moins confortables que celles de la Belle Epoque. François Girardeau s'éteignit dans sa maison du faubourg le 31 octobre 1936 et fut enterré civilement au cimetière municipal en présence de tous les membres de la Libre-Pensée locale.

S. HUG

Les murailles de La Palisse

La reconstitution du tracé et de la nature des murailles de l'ancien bourg castral de La Palisse est l'une des tâches les plus ardues de notre histoire locale. Cité routière, le tissu urbain de Lapalisse a en effet été plusieurs fois remanié depuis le milieu du XVIIIe siècle. Ci-dessus, plan du tracé des murailles de La Palisse à l'époque moderne (in, S. Hug, Mille ans d'histoire au pied du château, Cahiers Bourbonnais, 2005).
Gravure de Claude Chastillon (vers 1620 - BNF) avec localisation des éléments des murailles que l'historien peut identifier grâce aux sources iconographiques.
Croquis levé par l'ingénieur du Roi Mathieu au lendemain de la crue destructrice de la Besbre de 1707 (Cabinet des Estampes - BNF). A gauche, nous distinguons en haut de la rue des Juifs (actuelle rue du Commerce), la Porte Jarrot ouvrant sur la prairie seigneuriale située au bord de la rivière (la rue de la Prairie actuelle conserve le souvenir de ce lieu champêtre tout contre l'ancienne ville). Cette Porte Jarrot a été détruite en 1745 a l'occasion du percement de la nouvelle route royale de Paris à Lyon.


Vue de la ruelle Billaudit dont les murs intègrent des restes de l'ancienne muraille.

Cliché datant de la fin du XIXe siècle où figure la Porte de la Voûte détruite vers 1890.

S.HUG